Au sud, le puits 'Ayn Zabîba irriguaient des parcellaires très érodés au nord (CC et CF) et à l'est (CE). Ces parcellaires sont étagés, en particulier vers le nord, CC constituant l'étage inférieur. Ces zones ont été cultivées du IIIe au Ve siècle de notre ère. Le parcellaire CC est le plus étendu, sur 8,70 ha. Il est particulièrement lisible et son module est plutôt grand, de 18 m sur 24.

Au nord-ouest de ce parcellaire, se trouvent deux lambeaux de parcellaire sans doute liés au puits 'Ayn Alam el-Dîn. Ces lambeaux se présentent sous la forme de vestiges d'écoulements conservés sur des yardangs. Ils semblent dater du IIIe siècle de notre ère.

Au sud-est de CC, le parcellaire CD est de chronologie comparable au précédent. Il est difficilement lisible et pourrait présenter une continuité avec le parcellaire CE.

Au sud du puits PA, se trouvent les lambeaux de plusieurs parcellaires : CG, en position haute, à proximité immédiate du puits, a été exploité dès le VIe-VIIe siècle de notre ère ; à l'ouest de celui-ci, CH est un peu plus précoce (Ve siècle de notre ère) mais a perduré jusqu'à la période pré-mamelouke ; à 200 m à l'est de CG, le parcellaire CI, au contact immédiat des cultures actuelles, se développe sur un peu plus d'un demi-hectare et a été cultivé de la période pré-mamelouke jusqu'à la période ottomane.

Enfin, au sud-est de CG, le parcellaire CJ occupe près de 3400 m² et date du XIXe-XXe siècle.

En dehors de ces installations de culture, de nombreuses autres structures sont présentes sur ce site. En particulier, ce site a été un centre d'élevage (ou de concentration de bétail) important pour la région, car il regroupe un grand nombre d'enclos (6), couvrant au total une surface de près de 3 ha pour ce que nous avons pu observer. L'ensemble de ces enclos, qui sont hiérarchisés au moyen de muret permettant sans doute de trier le bétail, ont fonctionné entre le IIIe et le Ve siècle de notre ère.

Au nord du site, parmi les yardangs et partiellement recouvert par une dune, nous avons pu observer quelques éléments de murs, constituant un ensemble HA qui occupe un peu plus de 2 ha et qui semble remonter au IIIe siècle de notre ère.

Au nord-est du parcellaire CC, un bâtiment isolé IB, couvert d'une voûte, a été utilisé du IVe au Ve siècle de notre ère.

Entre les parcellaire CC, CD et CE, plusieurs bâtiments isolés les uns des autres ont été regroupés dans l'ensemble IA. La voûte de couverture de certains de ces bâtiments datés du Ve siècle de notre ère est encore conservée.

Au sud-ouest du puits, un habitat HB, moderne, a été repéré sur 1940 m² et au sud-est de ce même puits, entre CG et CJ, une petite zone d'habitat pré-mamelouk s'étale sur près de 2600 m².

Mobilier céramique : Ce site et un ensemble de secteurs en particulier (habitat HC et parcellaire CI) s’est révélé particulièrement riche en céramique tardive pour le début de l’époque arabe (VIIe-IXe) plus précisément pour la période située dans le cours avancé du IXe siècle apr. J.-C. (dans le cadre de la Phase 10). Ce fait est rarement rencontré pendant notre prospection de façon aussi claire. La combinaison de divers éléments connus par ailleurs dans la Vallée du Nil, comme la sigillée d’Assouan du Groupe O tardif et du Groupe W peint, la céramique médiévale peinte d’Assouan, la céramique à glaçure, les amphores égyptiennes Late Roman 7 dans leur version tardive ou encore les marmites importées en pâte alluviale de la Vallée du Nil concoure à recadrer sans ambiguïté notre chronologie pour les premiers siècles de l’époque arabe dans l’oasis de Kharga. Une phase plus tardive dans le cours de l’époque arabe, des époques mamelouke et/ou ottomane a peut-être été identifiée sur d’autres secteurs, sans assurance aucune.

Les autres secteurs comprennent une céramique que l’on peut dater de l’époque byzantine (phase 7 et phase 7/8). Pour cette dernière période, sont attestées pour la première fois des fonds coniques d’amphores en argile locale.

Pour la deuxième moitié du IXe siècle après J.-C., les éléments découverts sont les suivants :

- dans l'ensemble HC, une jatte à parois fines avec décor incisé externe de motifs « wavy-lines » (TM61), de nombreux fragments informes de pâte alluviale brune zonée rouge très fine qui appartiennent à des pots à parois fines de grand diamètre, un fragment de coupe à marli en groupe O peint d’Assouan (TM62), un bord de grand bol en céramique médiévale peinte d’Assouan (TM63), un fragment informe d'une amphore importée d’Afrique du Nord, des marmites tournées de production locale (TM64 et TM65), un bord de couvercle de marmite en pâte alluviale importé de la Vallée du Nil (TM70), une copie en argile locale apparentée par la forme et le décor aux productions médiévales peintes d’Assouan (TM42), un bord de coupe à marli qui appartient au groupe des céramiques fines d’Assouan W (TM45) ;

- le parcellaire CH est l’ensemble céramique le plus varié et le plus cohérent pour le début de l’époque arabe à partir du milieu du IXe siècle apr. J.-C. Les catégories des productions locales mal connues sont associées à d’autres issues de la Vallée du Nil (Moyenne Égypte, produits de la région d’Assouan et même vaisselle importée hors d’Égypte) qui sont bien identifiées en fouille par ailleurs. Les épaules complètes d’amphores Late Roman 7 dans leur Phase tardive sont attestées pour la première fois (TM40). Les sigillées du Groupe O tardif d’Assouan sont attestées, d’une part par sa forme la plus représentative de coupelle à rehaut peint en rouge sur

la lèvre (TM43), et d’autre part par 4 bords de grandes coupes (TM44). La céramique médiévale peinte d’Assouan quant à elle est attestée par 3 bords de gobelet (2 exemplaires TM41 et un bord TM42). La vaisselle en groupe O peint produite également à Assouan est identifiée par une coupe à marli (TM45) Des vases à eau à col haut (TM50) semblent avoir été fait à l’aide d’une argile de type assouannaise. Une marmite à col (TM46) est en pâte alluviale importée de la Vallée du Nil a été découverte, elle est très proche des produits faits dans le Fayoum ou en Moyenne Égypte. La production locale regroupe des jarres à anses (TM51) et des pots sans col (TM53) faits à la main dans une argile locale à plaquettes. La céramique locale tournée produit des siga (TM55,TM54), des gargoulettes à filtre (TM56) et des bords de jarres ? (TM60, TM52). Des fragments de vase en argile locale portent des décors combinés faits au peigne de motifs « wavy-lines » et d’incisions horizontales (TM57). On trouve également des plats de cuisson à parois fines (TM58, TM59). La vaisselle de table glaçurée est exclusivement constituée de coupelles . Rappelons que la technique de la glaçure sur pâte argileuse ne fait son apparition en Égypte qu’au tout début du IXe siècle de notre ère. Le support argileux qui est employé sur les glaçures trouvées dans ce secteur est une pâte calcaire. Cet emploi porte la marque d’une origine hors de l’oasis. La glaçure est soit monochrome de couleur jaune brillante translucide (TM47) ou encore une combinaison de glaçures opaques en taches ou coulures en relief (brun violet) sur un fond de glaçure brillante (TM49). Il s’agit donc de produits importés de la Vallée du Nil pour 6 exemplaires (TM47, TM49). Un dernier exemplaire reste à examiner, probablement une glaçure importée d’Irak si l’on considère la grande finesse de type «coquille d’œuf» de l’argile beige qui constitue le support d’une glaçure blanche opaque monochrome très brillante (TM48) ;

- dans le parcellaire CI, on trouve un bord de céramique locale à plaquettes très fragmentaire, des produits locaux dont une jarre (TM66), un bol à parois fines fait à la main grossièrement (TM22A) et un bord de siga (TM69), et un bord de coupelle de sigillée du Groupe O tardif à rehaut peint en rouge sur la lèvre(TM43A) ;

- enfin, dans le parcellaire CJ, il s’agit d’une vaisselle locale faite à la main dans une argile à plaquettes : un plat de cuisson (TM14) et une jarre (TM66).