Pour ce site, la dénomination des ensembles est parfois discontinue, en particulier pour les dépotoirs car nous avons procédé à postériori, sur plan, à des redécoupages et regroupements.

La colline gréseuse dissymétrique de Tell-Douch et le seuil immédiatement à l'Est, connu sous le nom de "Dikura" groupent d'importantes ressources en eau exploitée de manières variées. La chronologie d'occupation et de fréquentation de ce site est vaste et il est difficile de déterminer une période d'occupation principale. Cependant, plusieurs périodes se distinguent : la fin du néolithique et le début de l'Ancien Empire tout d'abord, où Tell-Douch connaît une fréquentation caravanière, en particulier sur les tombants nord et nord-ouest du tell. Nous n'avons pas mis en évidence de zone d'habitat permanent pour cette période sur le tell.

Ensuite, il faut attendre le Ve siècle avant notre ère (Première Domination Perse), qui apparaît clairement comme une période de reconquête humaine de l'espace désertique du bassin de Baris.

Cette forte occupation du site (piémont, tell et seuil) perdure jusqu'au IVe-Ve siècle de notre ère, sans doute avec une variation au cours du temps de l'importance du site.

De la céramique néolithique accompagne en plusieurs points du mobilier lithique (LA à LQ) sur le méplat sommital du seuil à l'Est. Ces éléments sont encore pris le plus souvent dans des yardangs, voire dans des yardangs récemment démantelés par l'action érosive des vents.

Les vestiges de nombreuses sources artésiennes parsèment ce méplat et la pente sud. Certaines de ces sources ont été réaménagées en puits (PP, PS, PAM, PAA, PBD, PBE, PAJ, PAK).

éperon Nord-Ouest du tell présente d'importantes formations argileuses à phytogenèse et scories de feux de savane. Ces strates préservent des feux de camps, des ossements et de la céramique datés du néolithique final à l'Ancien Empire (FA et FB). Cette zone est le témoin d'une période encore relativement humide de ce secteur où l'activité éolienne a créé les dépôts de lœss qui ont permis le développement d'un nombre assez important de sites agricoles dans la plaine.

À partir du Ve siècle avant notre ère, 21 qanâts (QA à QU) rayonnent autour du tell, surtout vers le sud. Autour du piémont est, six autres ouvrages s'écoulent vers le sud (QV à QZ, QAO) et 15 vers le Nord (QAA à QAN). Certains de ceux-ci sont issus de puits (PX/QX, PY/QY). Au centre de la pente Nord, des systèmes complexes associent, dans des espaces restreints, puits, écoulements à ciel ouvert, citernes et qanâts. Certains d'entre eux ont pu être abandonnés avant l'époque romaine. Ces ouvrages irriguent des parcellaires aménagés autour du tell (CA, CB,CC, CD, CE, CK) et, au nord et au sud du seuil est (au Nord: CH et CJ; au Sud : CF, CI et CG). Les parcellaires nord-est sont très ensablés.

Le parcellaire CA tout d'abord, qui n'est pas daté précisément, est trop fortement ensablé pour déterminer le module des casiers de culture. Il occupe près de 7,5 ha. Quelques points ont été dégagés par l'activité éolienne, nous montrant qu'il est très bien conservé. Immédiatement au sud de CA, le parcellaire de CB, de 6,74 ha, présente les mêmes caractéristiques d'ensablement que le précédent. Les dégagements éoliens sont un peu plus conséquents et une partie de ce parcellaire est masquée par les établissements de la mission de l'IFAO. Il semble dater du IVe siècle avant notre ère. Ces deux parcellaires sont étagées : CB est plus haut que CA, et donc sans doute antérieur : en effet, la pression artésienne diminuant au cours du temps, nous avons constaté sur le site voisin d'Ayn Manâwîr une baisse constante du plafond de la nappe, et donc un abaissement progressif des niveaux cultivables.

Le parcellaire CC, au sud-ouest du précédent, est très peu lisible. Il occupe une surface d'un peu plus de 4 ha et n'est pas daté. Il en va de même pour le parcellaire CD, au sud du précédent, d'une surface de 3,61 ha. Un vague moutonnement pourrait correspondre aux limites des casiers de culture, évoquant un module de 24 m, sans certitude.

Au sud de Tell-Douch, le parcellaire CE occupe une surface de près de 12 ha. Daté du début de notre ère, il est également trop ensablé pour permettre des observations détaillées.

Au nord-est du parcellaire CA, le parcellaire CF s'étend sur 10,31 ha. Contraint par le relief, il est assez bien conservé et lisible, permettant de mesurer un module de 12 m de côté. Il semble avoir fonctionné du Ie au IVe siècle de notre ère. Ce parcellaire indépendant est irrigué par le puits de plaine PBI équipé de plusieurs bassins. Il inclut un habitat (HH, HI, IA et IB) formé de plusieurs constructions séparées.

Au sud du seuil de Dikura, à l'est de CE, le parcellaire CG est assez peu précisément défini du fait d'un ensablement conséquent. Il semble remonter au Ve-IVe siècle de notre ère et occupe au minimum une surface de 4,78 ha.

Au nord-est du site, presque au contact des parcellaires du site KS026, le parcellaire CH est relativement tardif, du IIIe siècle de notre ère. Sur une surface de 7,84 ha, l'ensablement est important et sur une petite zone, il est vraiment lisible. Le module des casiers de culture semble être double : certains ont un module de 12 m, d'autre de 16. Seule une étude détaillée (avec balayage) permettrait de préciser cette valeur. Au centre-est de ce parcellaire, se trouve le dépotoir DAA, du Ie-IIe siècle de notre ère.

CI est un tout petit fragment de parcellaire (174 m²), émergeant du dépotoir DR. Il semble dater du IVe siècle avant notre ère. Il est très peu lisible, comme tous les autres.

CJ et CK sont les deux derniers parcellaires. Ils se sont développés dans l'angle formé par le tell et le seuil est. CJ d'un peu plus de 2 ha semble avoir fonctionné du IVe siècle avant notre ère au IIe siècle de notre ère. Il est très ensablé. CK est plus conséquent, occupant 16, 75 ha. Il ne semble avoir fonctionné que du Ie au IVe siècle de notre ère. Plutôt moins ensablé que le précédent, il demeure cependant peu lisible en particulier du fait de sa proximité avec la zone d'habitat HA et du temple de pierre : de nombreux véhicules de touristes y passent, créant de multiples traces.

Au sud-est, l'ensablement nous prive de la continuité entre les parties terminales des écoulements et les parcellaires de KS100.

Le seuil de "Dikura" conserve les vestiges de plusieurs habitats modestes : HE/HF (au nord-ouest : phases 1 à 4), HK (au sud-ouest : phases 2 à 4) et HG (au nord-est: phase 2).

Deux bâtiments isolés de la pente nord de tell Douch ont été fouillés: HB (au nord-est sous le nom de DEN : phase 2 à 4) et HD (au nord-ouest sous le nom de DEW : phase 5).

Au centre de cette pente subsistent des murs érodés qui ont du appartenir à une petite agglomération aux contours mal définis HC (phases 1 à 2-4).

Les vestiges bâtis les plus importants sont ceux de l'agglomération romaine HA (phases 6 à 8) du sommet du tell, fouillée en partie par Michel Reddé entre 1985 et 1990 (REDDE, 2004). Il entoure l'enceinte forte plus couramment appelée fort (noyau : phase 1; extensions : phases 2-4, 5, 6, 7) dans lequel est inséré le temple en pierre (Ie s. de notre ère) établi sur une construction antérieure (temple?).

Le temple en briques crues TA est bâti à l'extrémité est de la crête nord du tell (phase 1), à peu de distance de l'agglomération HA. Son enceinte, plus récente (?), ferme une esplanade aplanie par l'exploitation en carrière (AC) du banc de grès.

Quatre ateliers de potiers d'époque romaine ont été installés vers le bas des pentes du tell, à proximité des sources d'argile : AB (phase 7) au nord, AA à l'est (phase 6), AE, le plus étendu, au sud-ouest (phase 6); AD (phase 6), au sud. Pour les autres périodes d'occupation du site, nous n'avons pas mis en évidence de lieu de production autre qu'agricole. Il est cependant probable que des céramiques aient été produites localement.

La nécropole NB (phase 7) est constituée de tombes avec superstructures bâties en briques crues sur les buttes au pied de la pente sud-est du tell. Elle occupe une surface de près de 5,5 ha.

Un rang d'hypogées non datées, NA, a été creusé au centre de la crête sommitale, face au Nord.

Ces nécropoles ne constituent qu'une petite partie de celles du site de Douch : les plus importantes, fouillées par Fr. Dunand dans la plaine au nord du tell, ont été regroupées dans le site KS022.

Mobilier céramique : Pour un grand nombre de secteur, la céramique a été observée sur place, sans prélèvement ni description détaillée des éléments présents.

Le puits PBG a livré une base de col de siga F1C (T44/46), daté du Ve-IVe siècle avant notre ère.

A proximité du puits PBD, une marmite conservée au quart en pâte d'Assouan (TM140) ainsi qu'un bord de jarre à verser de type inconnu évoquent une fréquentation postérieur au Ve siècle de notre ère.

Au niveau du puits PAW, deux cols de siga T231, un col de siga (T124B) des jarres (T20'C, T179, T358) et une jatte à parois fines T198A témoignent d'un fonctionnement au cours du IIe siècle avant notre ère.

Les dépotoirs ont fourni une quantité plus importante d'éléments datant. Le dépotoir DF tout d'abord est daté entre le Ve et le IIe siècle avant notre ère par les éléments suivants : 1bord de petite jatte (?) T14F avec le même profil que le col de siga T124, 3 jarres moulurées T270, 1 col de siga T124A et 1 fragment T46 (Phase 1-2), 1 bord de petite siga T263A, 2 bords de jarres T20'C (phase 2 à 4), 1 bord de jatte T14B', 1 marmite de type cacabée en argile locale à anse cavalier T190, 1 bord et sa paroi d'une jarre sans col de grande taille T284A, 1 bord de jarre T18B (normalement Phase 1).

Dans le dépotoir DJ, un bord de marmite T332/190 et un col de siga T231 attestent d'une occupation au IIe siècle avant notre ère, tout comme le dépotoir DP avec un col de siga T124B.

Le dépotoir DAB est plus ancien, remontant au Ve siècle avant notre ère avec un col de siga T46 et 3 bords de jarres T18A.

Le dépotoir DAC semble avoir eu deux périodes de fonctionnement : au cours de la période ptolémaïque et au début de notre ère, avec 1 petite bouteille globulaire (phase 4) à base annulaire conservée à demi mais sans le col, importée de la vallée du Nil en pâte alluviale brune fine fortement micacée à engobe rouge mais aussi des fragments informes de vases qui peuvent être phase 6.

En DAJ, nous sommes en présence d'un dépotoir ayant sans doute fonctionné du Ve au IIe siècle de notre ère, avec un col de siga T46 (Phase 1-2), 2 bords de jarres T20'C (Phase 2 à 4), 1 bord de jarre T18B (phase 1?), 2 bords de jattes très érodées T14B et B' (phases 1-4), 1 fragment de col de siga très érodée apparentée T124 ? (phase 4).

L'aqueduc EAG a livré trois individus datés du IVe siècle de notre ère au plus tôt. Ce sont 1 bord de bol-jatte TM139 en pâte alluviale (FR11CC à semi de petites nodules calcaires jaunes), 1 col de pichet à col étroit à surface érodée(type et datation inconnue) mais aussi un fragment informe d'une amphore à pâte brune Late Roman 7.

La qanat QAH a quant à elle fourni quelques éléments datés entre le IIe siècle avant et le IIe siècle après J.-C. Il s'agit d'un bord de jarre T326 et d'un fragment informe de tuyau (phase 6?).

Enfin, la nécropole NB a fourni deux individus datés du Ie-IIIe siècle de notre ère : 1 bord de marmite TB224/247, 1 bord de siga TB31 érodé.