Deux séries de quatre puits irriguent huit parcellaires (CA à CG) et un jardin sous palmeraie (JA). Nous allons décrire les aménagements hydrauliques et agricoles dans l'ordre alphabétique des puits.

Du puits PA, s'écoulent deux chenaux : EBD vers le nord-ouest, en direction du parcellaire CC ; EBE en direction du nord-est, jusqu'au bassin EM. Peu avant ce bassin, une branche bifurque vers le nord-ouest.

Du puits PB, s'écoule le le long chenal EG vers le nord-ouest. Après un premier coude vers l'est, le chenal s'engage dans le parcellaire CA qu'il doit partiellement irriguer. De là, il se divise en deux branches : EJ se dirige vers l'est sur près d'un kilomètre, longeant la bordure nord du parcellaire CE. Il est probable qu'il l'irrigue en partie. La seconde branche se dirige vers le nord, avant de se subdiviser de nouveau : un des embranchements se dirigent vers le nord pour s'écouler dans les deux bassins successifs EH et EI. Le second embranchement se dirige vers le nord-est. Au sortir du parcellaire CA, un embranchement EK se dirige vers l'est-nord-est, sans que son extrémité ne soit connue. Peu avant de déboucher dans le bassin EM, un petit embranchement EL se dirige vers l'est. La dernière section de EG est protégée par la haie BD.

Au débouché du bassin EM, un double chenal se dirige vers le nord-est, avant de rapidement se réunir en une seule canalisation. Après environ 150 m, elle rejoint la canalisation ET et bifurque vers l'est. Cette dernière section, ainsi que la section terminale de ET, sont protégées par la haie BI. Avant que cette canalisation ne se perde, un embranchement EV se dirige vers le sud, puis vers l'est et se perd lui aussi sans irriguer de parcelles.

Le puits PC se trouve tout à fait à l'ouest du site, assez distant de tout autre aménagement. La canalisation EB s'en écoule vers le nord-est, selon un parcours assez sinueux. De forte largeur au début, il nous indique que ce puits a fourni des quantités importantes d'eau. Sur une assez grande partie de son cours, ce chenal (ainsi que EG) est protégé par la haie BC. Après avoir passé le niveau du puits PB, le chenal longe les parcellaires CA et CB, sans doute pour les irriguer. Au niveau de CB, une branche ED se dirige vers le nord pour alimenter le bassin EC au sein de l'habitat CD.

La canalisation EB poursuit son cours et un embranchement EE se dirige vers l'est-sud-est, jusqu'au bassin EF, pour irriguer le parcellaire CE. Sur la moitié de son parcours, ce chenal EE est protégé par la haie BB.

Enfin, la canalisation EB termine son parcours dans les bassins EA puis EBC, pour irriguer le parcellaire CA.

Le puits PD possède deux écoulements : EO tout d'abord s'écoule vers le nord puis vers l'est dans une large courbe. Il se perd peu avant de rejoindre le nord du parcellaire CC qu'il devait sans doute irriguer à l'origine ; le second écoulement se dirige vers l'est puis traverse le parcellaire CC de part en part vers le nord, avant de bifurquer, au débouché de CC, vers le nord-est. Il se jette dans le bassin ES.

De ce bassin ES, un chenal ET se dirige vers l'est-nord-est pour rejoindre le chenal ET précédemment cité. Une centaine de mètres après la sortie du bassin, un long chenal EU se dirige vers le nord, se perdant dans les sables avant d'avoir croisé la moindre structure.

Du bassin ES, un chenal EBF se dirige vers le nord puis l'ouest pour se jeter dans le bassin EQ. Il en ressort ensuite vers l'est puis le nord, jusqu'au bassin ER. EBF et le bassin EQ sont protégés par la haie BH.

Le puits PE, en position centrale par rapport aux parcellaires principaux (CE et CG), possède cinq débouchés, ce qui indique l'abondance de son débit. Vers le nord-ouest tout d'abord, le chenal EW bifurque rapidement vers le nord, pour irriguer la partie sud du parcellaire CE.

Vers l'est, le chenal EX se dirige vers les bassins EY et EZ. Au niveau du bassin EY, une branche EAE se dirige vers le nord. À peu de distance du début de ce chenal, il se divise en deux branches sub-parallèles EAE et EAG. La branche EAE bifurque vers l'est au niveau du bassin EAF qu'elle alimente. Il se termine, le long du parcellaire CE, dans le bassin EAJ, qui est également alimenté sans doute en partie par EAG. À proximité immédiate de ce bassin, mais au sud du chenal, se trouve les deux bassins successifs EAI et EAH, qui fonctionnent sans doute par paire. Ils assurent l'irrigation de la partie nord du parcellaire CG. Le chenal EAG se poursuit par deux coudes à angle droit, puis reprend son cours vers l'est, jusqu'au bassin EAK et au jardin de palmeraie JA. Du sud de EAK, un chenal EAL se dirige vers l'est, longeant l'extrême sud du jardin JA pour se jeter à son terminus dans les bassins EAM au nord et EAN au sud. Du bassin EAM, un chenal EAO se dirige vers l'est, puis se divise en deux branches qui se perdent toutes deux dans les sables…

Du bassin EZ, le chenal EAA se dirige vers le sud, dans le parcellaire CG et une branche secondaire, EAB, se dirige vers l'est, dans le même parcellaire.

Toujours depuis le puits PD, un chenal EAC se dirige vers le sud-est, pour arroser CG et vers le sud, un chenal double EAD assure le même rôle.

Le puits PF se trouve environ 200 m au sud du puits PE. Deux chenaux seulement s'en écoulent : EAS tout d'abord vers l'est, qui se jette dans les bassins EAQ et EAR au nord, juste après le puits PF, et se termine dans le bassin EAT, au milieu du parcellaire CG.

Le chenal EAU ensuite assure l'écoulement de l'eau vers le sud, en bordure du parcellaire. Il se perd à un angle de CG, mais se prolonge sans doute, après une interruption, par le chenal EAV, vers l'est. Au nord de ce chenal se trouvent les bassins EAW et EAX, puis au sud, juste à l'extérieur du parcellaire, le bassin EAZ qui se prolonge par un court chenal.

Tout à fait au sud du site, le puits PH possède deux écoulements mais les secteurs qu'il irriguait ne semblent pas avoir été préservés. L'écoulement EBA est le plus conséquent, se dirigeant vers l'est. À peu près au milieu de son parcours, il alimentait sans doute le bassin EAY. Vers le sud-est ensuite, un court chenal évoque donc la possible existence d'un parcellaire sud.

Pour les aménagements hydrauliques, ce site présente une particularité : en effet, de nombreux bassins se présentent par paire, fonctionnant en cascade. En l'absence de fouille, il est délicat de préciser la raison d'être d'un tel aménagement. De plus, au vu de la complexité du système hydraulique, il apparaît clair qu'il a fonctionné sur le temps long, avec sans doute de nombreux réaménagements.

Les parcellaires sont assez étendus. Ils sont encore assez bien conservés. Dans le cas des parcellaires CA et CB, la distinction se fait par une légère réorientation du système de casiers. Ceux du parcellaire CB sont assez allongés par rapport à ce que l'on observe classiquement sur les sites oasiens. Le module du petit côté est de 9 m environ. Pour ce qui est du parcellaire CA, nous sommes dans un module assez classique de 18 m de côté.

Le parcellaire CC présente un module assez particulier, de 14 m.

Le parcellaire CD, le plus étendu, est conservé de manière irrégulière, selon les secteurs. Cependant, une grande partie de ses casiers de culture sont encore lisibles, suivant un module d'environ 20 m de côté.

Pour ce qui est du parcellaire CE, le module, très lisible également, semble moins régulier : entre 21 et 28 m de côté.

Du côté du parcellaire CG, le plus méridional du site, mais aussi le plus étendu (près de 35 ha), le module est extrêmement lisible et de grande dimension : environ 30 m de côté. Il y a donc sans doute bien une gradation chronologique dans les modules des parcellaires. Le type d'exploitation peut sans doute également partiellement expliquer la variation du module. L'analyse de l'ensemble des parcellaires enregistrés lors de cette prospection permettra de préciser cette évolution.

Enfin, un jardin sous palmeraie du début de notre ère a été enregistré, dans la partie centre-est du site, et pourrait mériter une étude détaillée au vu de son excellent état de conservation.

Les habitats de ce site sont assez nombreux. Cependant, il n'y a pas d'agglomération à proprement parler : la plus grande unité que nous ayons observée est de 787 m² seulement (une des unités de HC). Nous sommes donc en présence d'une série de fermes, situées au plus près des parcelles qu'elles exploitaient. Ces fermes, voire pièce isolée, se trouvent en général à proximité immédiate des bassins d'irrigation. Près de la moitié de ces unités d'habitation ont été pillées. En l'absence de fouilles et même de prospection très serrée, il n'est pas possible d'être plus précis. Certaines semblent présenter une cour, comme nous avons pu en observer lors de nos fouilles sur le site d'Ayn Manâwîr.

Mobilier céramique et sur le verre : Les datations fournis par ces artefacts sont cohérents, entre le Ie et le IVe siècle de notre ère. Pour la céramique, les découvertes sont les suivantes : une jatte/plat de cuisson B93, une assiette aux parois très fines (forme B76A) avec décor interne de pampres de vigne peint de couleur prune sur fond blanc, un fragment informe (pâte F1b recouvert d’un engobe blanc épais), un fragment de jarre à décor pincé à la base du col et reste d‘un décor peint de couleur prune sur engobe blanc (RT93), 2 jattes (proches RT84) et un fragment informe de base annulaire F1b.

Pour le verre, il n'y a qu'un tesson réellement datant : fragment de bord d’une coupelle en verre vert avec trois rainures en oblique sous la lèvre externe peut-être provoquées par l’érosion.