Cette colline présente un grand nombre de sources artésiennes, sur son sommet, dans la pente sud (paléolithique) et sur le piémont nord (prédynastique).

Pour les périodes historiques, un puits s'écoule, du rebord ouest vers le sud-ouest et irrigue des parcellaires très étendus, essentiellement couverts par le sable.

Un second groupe de deux puits contigus, sur le rebord sud de la colline, semblent également s'écouler vers le sud-ouest.

Trois puits voisins, au nord-est et un puits au nord irriguent un parcellaire très érodé au sud.

Ce site a été fouillé par G.Caton-Thompson sous les noms KO8, KO9 et KO10. Fouillé également par la CPE en 1976 sous les noms de secteur suivants : E-76-4 et 5 (sommet), 1 et 3 (sud), 6 et 7 (ouest).

La colline d''ayn sour matla' el-shams se situe à 8 km à l’est de la ville de Kharga. Il s’agit d’un relief orienté nord-sud criblé d’environ 60 venues artésiennes, certaines forment des monticules importants alors que d’autres forment un simple cercle concrétionné qui ne dépasse parfois pas les 2 m de diamètre. Le relief s’étend sur environ 2,7 x 0,5 km et s’élève de 20 m au-dessus de la plaine environnante. Le matériel lithique y est abondant en surface, à la fois sous forme brute de plaquettes de silex jaune-orange et sous la forme de déchets de taille dont la majorité se rattache à des occupations paléolithiques (LC, LG, LF, LI, LJ). Les occupations relatives à la phase Kharga D sont également nombreuses. Certaines sources ont été aménagées en puits qui irriguent des parcellaires d’époque romaine (CA, CB, CC, CD, CF et CE) situés en contrebas du relief grâce à des aqueducs empierrés.

En 1930, ce relief a été largement exploré par G. Caton-Thompson (Caton-Thompson, 1952). Les sites KO8A, KO8B, KO9, KO10 ont pu être précisément localisés. Les tranchées et leurs déblais de fouille sont encore nettement visibles dans le paysage. En plusieurs occurrences, des outils lithiques ont été retrouvés en petites accumulations qui semblent correspondre à du matériel archéologique issu des fouilles, trié et abandonné sur place par l’archéologue anglaise. Les sites E-76-1 (Fig.XX, 2), E-76-3, E-76-4 (Fig.XX, 1) et E-76-5, fouillés par la Combined Prehistoric Expedition en 1976 (Wendorf et Schild, 1980) ont également été localisés.

Les ensembles LA et LB, situés au nord du site de part et d’autre du puits nommé ’ayn sour matla’ el-shams el-bahariyya n’avaient pas été mis en évidence par nos prédécesseurs. L’ensemble LA se situe sur le tombant nord de la colline dans une zone de sédiments fins fixés par l’activité artésienne. Deux foyers empierrés présentaient une concentration importante de matériel lithique et céramique ainsi qu’une pointe en cuivre. Le matériel céramique comprend notamment des bols à lèvre retournée, un bassin à aiguière, un fragment de Clayton disk et de moule à pain, le pied haut et creux d’un encensoir, deux tessons retaillés ainsi que des jarres dont les formes se rattachent à Nagada IIID. Les matrices comprennent une pâte locale à grandes plaquettes caractéristique du Sheikh Muftah, une pâte à dégraissant végétal, une pâte calcaire rouge fine (locale ?), et une pâte alluviale de la vallée du Nil proche de la Nile B2. Le matériel lithique comprend de nombreux éclats de silex beige à orange local. Parmi les outils, ce sont les grands denticulés et couteaux sur plaquettes beiges mises en formes par des retouches bifaciales grossières qui dominent, un grattoir régulier est réalisé sur le même type de support. La zone des foyers a livré une armature de faucille sur lamelle réalisée sur silex marron rosé zoné caractéristique du Prédynastique de la vallée. Un outil bifacial en forme de « pointe de lance » découvert à l’ouest du secteur apparaît comme une pièce unique à ce jour dans l’oasis.

Plus au sud, l’ensemble LB est également dense en matériel lithique. L’abondance d’éclats indique un débitage sur place de silex orange-beige et dans une moindre mesure marron. On retrouve les couteaux et denticulés sur plaquettes vus en LA. Des lames épaisses présentent également des denticulations. Cet ensemble se distingue par la présence de haches bifaciales dont certaines portent un coup du tranchet. Les déchets de cette technique d’avivage sont également présents. Enfin, un pic bifacial façonné sur un nodule de silex complète cette collection dont la typologie montre beaucoup d’affinités avec le matériel prédynastique découvert sur le site d’Armant dans la vallée du Nil (Huzayyin, 1937). Quelques tessons de céramique épaisse à pâte sombre comprenant du dégraissant végétal ont également été repérés.

Le petit ensemble LH, sur le flanc est du massif correspond à des rejets de fouilles laissés par les travaux de G. Caton-Thompson. On y trouve du matériel paléolithique, mais également des tessons en pâte alluviale et pâte à plaquettes.

En LD, on trouve du matériel à la fois paléolithique et Kharga D. Les abords d’une source ont livré un vase entier à bord noirci et parois épaisses dans une vaste zone cendreuse qui pourrait correspondre à un feu de savane ancien. Le matériel lithique de ce secteur est réalisé sur des plaquettes de silex dont certaines sont lie-de-vin, probablement colorées par la chaleur de l’incendie. Le secteur des sites E-76-1 et E-76-3 fouillé par la CPE comportait encore un racloir sur side-blow-flake et deux déchets d’avivage de hache bifaciale par coup du tranchet ainsi qu’un fragment de couteau bifacial.

L’ensemble LE comprend la source KO 8B qui correspond à une zone fouillée par G. Caton-Thompson où notamment 12 haches bifaciales dont la moitié ont été réaffutées par un coup de tranchet transversal, deux herminettes, cinq side-blow-flakes, quatre pics bifaciaux et 44 couteaux avaient été découvertes par G. Caton-Thompson. Elle est entourée par plusieurs steinplätze constitués de petits blocs de calcaire dont certains ont été fouillés par l’archéologue anglaise. Ceux-ci offrent aujourd’hui l’aspect d’un carré vierge entouré par les pierres de chauffes. En ce qui concerne le matériel diagnostic, il ne reste sur place que des tessons peu épais en pâte à plaquettes. À l’extrémité sud de la concentration lithique LE on trouve à nouveau les traces des recherches des années 30 sous la forme d’une petite collection de matériel lithique abandonnée sur place. Elle comprend un side-blow-flake et des pièces bifaciales grossières.

Les occupations Kharga D ont été nombreuses sur la colline d’Ayn Sour Matla’ el-Shams. La localisation des sites fouillés par G. Caton-Thompson et la Combined Prehistoric Expedition a permis de montrer que le matériel précédemment défini comme « Peasant Neolithic » correspond à notre phase Kharga D. La céramique à plaquettes correspond à une tradition typique oasienne (Sheikh Muftah) alors que les découvertes de KS512 LA montrent du matériel céramique et une lame de faucille originaires de la vallée. Ces données témoignent de contacts entre l’oasis et la vallée du Nil à l’époque Prédynastique.

Si de nombreuses haches, couteaux et denticulés ont été découverts dans la zone, aucune des trois explorations n’a mis en évidence de pointes de flèches dans ce secteur qui ne semblait pas propice à la chasse. Les occupations s’apparentent à des campements de courte durée situés sur la route entre les oasis et la vallée du Nil. Les nombreux postes de taille indiquent que des outils y ont été confectionnés à partir de la matière première accessible localement.

Mobilier céramique : Quelques vestiges attestent d'une fréquentation à l'époque ottomane et contemporaine : panse en pâte alluviale dure et fine à cannelures très marquées et régulières : conteneur apparenté TM131 (?), 1 corps de pichet de forme oblongue à base annulaire en pâte blanche, un fragment de panse de jarre globulaire faite main à anse (type inconnu).

De rares éléments datent de l'époque byzantine (phase 7/8) : 7 fragments informes de panses à cannelures marquées et régulières d'une jarre de grande taille apparentée à TB131 ? ( pâte alluviale (?) brune à cœur gris à sables concrétions et rares nodules jaunes), plusieurs grand fragments de panses à cannelures marquées et régulières en pâte alluviale brune comme les amphores LR7, mais plutôt grand conteneur apparenté à TBA31, 1 col de bouteille binaire à 1 anse à engobe jaune apparentée TB19.

Pour le début de notre ère (Ie-IIe siècle), les éléments sont un peu plus nombreux : 1 bord de marmite T190, 1 bord de marmite aux parois fines et régulières, 1 plat à bord à marli décoré de guillochis noirs RT17, 1 bord de jarre RT64, 4 bords marmite RT156.

Les époques perses et ptolémaïques (essentiellement le IVe siècle avant notre ère) sont un peu plus représentées : 1 col d'un barillet F1C surface vitrifiée noire à 2 anse collées à la base du col, façonnage très grossier (T428, nouveau type). 1 bord de jarre T18A, 1 plat de cuisson (nouveau type T433), 1 bord de jarre T18B, 1 bord de conteneur « qena-ware » T38, 1 bord de jarre (proche T238, nouveau type), 1 bord de support de « Fire dog » à parois épaisses, 1 fragment de jarre (T25A/T23), 1 demi marmiton T18G, 1 bord de jarre T18B (Phase 1-4), 1 bord de marmiton (T18G, phase 2), 1 col de barillet à 2 anses à parois épaisses (T428, type rare), 2 bords de jarres à col (T56F, T56G), 1 bord de jarre T13B, 1 bord de coupe en pâte alluviale brune très fine (T429), 4 bords de jarres (T58A, T20B, T37 à engobe rouge épais, T18B), 1 bord de gobelet tronconique de grande taille T75A, 1 encensoir T63, 1 petite tasse à tenon T84, 1 biberon T135, 2 coupes (T5B, T5A ou T178 phase 11.3), 3 bords de siga (T46, T44), 1 bord et grand fragment de panse avec son anse de conteneur de la région thébaine en « qena-ware » T38, 5 bords de jattes (T13B, apparenté T14C parois fines, T15B/C. Les 2 autres bords sont des jattes de petit modules à parois fines d'un type nouveau), 1 fragment de panse d'une jarre qui pourrait être identifiée comme un pot à pigeonnier, 2 bords de jattes T13E, 2 bords de jattes apparentées T13E, 1 couvercle de marmite T62B, 1 bord de jarre T1, 1 fragment d'une lampe conique T62D, 1 coupelle à base annulaire conservée au 3/4 apparentée T253, 1 grande jarre à anses T25A.

C'est le premier site avec un assemblage de tessons d'époque saïte dont tous les types sont nouveaux. On trouve : 2 bords de jarres « qena-ware » importées de la région thébaine T438, 1 bord de petite jarre « qena-ware » importée de la région thébaine T439, 1 bord de jarre T435, 1 bord de jarre sans col T436, 1 bord de gobelet conique ? T437, 1 grand bol T440, 1 corps complet d'une jarre miniature (parois très fines et régulières) à fond conique tournassé en pâte calcaire fine verdâtre importée de la vallée du Nil T441, 1 encensoir (?) à fond plat avec marque incisée géométrique à l'extérieur faite avant cuisson. Ce dernier type est totalement nouveau (T434/F1C surface noire vitrifiée). Il s'agit d'une forme de moule à pain connue pendant l'Ancien Empire.

L'une des périodes les plus riches du site est l'époque pré et proto-dynastique qui a fourni les éléments suivants : 1 fond conique de jarre apparenté TA41, 1 bord de pot à parois fines en pâte à plaquettes (TA33/FA2), 1 fond de jarre conique (TA50), 1 pied haut d'un encensoir ? trace de feu au fond (TA51), 1 grand fragment d'un large pot à parois épaisses, sans doute une grande jarre ? de stockage (TA53/FA2), 1 bord de bol légèrement caréné TA54 en pâte alluviale rouge à cœur noir fine sableuse à fins DV, surface chamois, Céramique nubienne, forme des groupes du Kerma A et pré-Groupe C.

Dans l'un des secteurs (LA), le mobilier céramique présente un faciès identique (familles céramiques et pâtes) à celui de KS143. On observe la présence marquée de 6 grands tessons en pâtes alluviale de la Vallée du Nil proche de la Nile B2 et de deux individus.

La famille des jarres en pâte calcaire rouge fine (locale???) est représentée par un bord (TA21) connu dans le répertoire des formes datées de Nagada IIID au début dynastique. Il y a aussi deux fonds de jarres (TA44).

Les importations de la Vallée du Nil en pâte alluviale sont une coupe (TA45) et 1 fragment de bassin type bassin à aiguière à engobe rouge poli conservé à l'intérieur de la pièce (TA46).

Les productions locales sont des coupes (TA22), des bols à lèvre retournés (TA47, TA48, TA49). Il y a aussi 1 tesson réutilisé comme racloir, et 1 fragment de tesson avec le bord soigneusement retaillé de forme ovale qui a pu être utilisé comme couvercle.

On a également trouvé dans ce même secteur 2 grands « Clayton rings » fragmentaires aménagés dans des panses de jarres (importées de la vallée du Nil mark dense à semi de petits nodules jaunes) de type TA2A, 1 fond de jarre informe apparenté TA41 ? (pâte orangée savonneuse sableuse), 1 fragment informe de pâte à plaquettes FA2.

Toujours en LA, dans deux foyers, aux côtés d'une lame de faucille rectangulaire et d'un fragment de cuivre, ont été trouvés les vestiges suivants : 1 pot à bourrelet carré TA47 à engobe rouge épais interne et externe poli ? Avec rare dégraissant végétal et particules grises (quarts devenus mats) en négatif en pâte alluviale à dégraissant quartzeux brillant de forme carré en plaquettes, 1 bord de moule à pain conique TA53 (pâte à dégraissant végétal), 1 fragment informe de base plate d'un bassin type aiguière TA17 en pâte alluviale fine sableuse à micas dorés et fin dégraissant végétal, 1 bord de bol à lèvre marquée d'une incision très fine, surface interne conservée finement raclée TA6 ( cassure grise homogène fine dense. Pot tradition sheikh Muftah ?), 1 marque géométrique fragmentaire incisée avant cuisson sur grande jarre à surface blanche polie (pâte calcaire homogène jaune fine sableuse, importation de la vallée probable).