Ce site se développe vers le nord du piémont de la colline. L'essentiel de l'alimentation en eau est assurée par les qanâts, qui peuvent être divisées en trois groupes. A l'ouest tout d'abord, les qanâts QA à QF s'écoulent plutôt vers l'ouest, pour irriguer les parcellaires CA et CB. Il ne s'agit pas de six qanâts, mais plutôt de deux, avec diverses branches correspondant à des réaménagements. Si leur fondation n'est pas datée en l'état (sans doute au Ve siècle avant notre ère pour la galerie QF), elles semblent avoir fonctionné jusqu'à une période tardive (à l'échelle du site), au IVe siècle de notre ère.

Les parcellaires CA et CB sont assez étendus mais sont très ensablés et ne sont donc pas réellement lisibles.

Au centre, le second groupe de qanât regroupe les structures QG à QS. La qanât QG tout d'abord, et sa branche secondaire QH, irriguent le parcellaire CC, d'une surface de 2,92 ha. La fin de son fonctionnement est daté du IIIe-IVe siècle de notre ère. En l'absence d'étude détaillée, son origine n'est pas datée. De même, le fort couvert sableux, prenant parfois l'aspect de rides ou de petites dunes, masquent totalement la structuration de cet espace agricole.

Un peu plus à l'est, l'ensemble QK-QJ (QJ étant une branche amont de QK) est également abandonné au IVe siècle de notre ère. Il irrigue le parcellaire CD, d'une superficie de 2,82 ha. Encore assez fortement ensablé, il est cependant possible d'y lire quelques rigoles d'irrigation qui semblent dessiner un module de 18 m de côté.

Le parcellaire CE, immédiatement à l'est du précédent n'a pas d'alimentation connue. Il est probable qu'il soit alimenté par la même qanât que le parcellaire CD, par le biais de la branche QK. Ce parcellaire, de 1,31 ha, ne présente pas d'éléments visibles pour déterminer le module des casiers d'irrigation. Il semble avoir été abandonné dans le courant du IIIe siècle de notre ère.

Le système hydraulique suivant est formé des qanâts QL et QM. QM est une branche amont, permettant sans doute d'augmenter le débit du système. Dans sa partie basse, QL se divise en deux pour converger juste avant l'entrée dans le grand parcellaire CF. Ce parcellaire occupe 20,47 ha. Ses limites sont assez nettement marquées par des vestiges de chenaux d'irrigation, des tas d'épierrement et la topographie. Il semble que l'on soit sur un module de l'ordre de 18 à 20 m de côté pour les casiers d'irrigation. Ce parcellaire est endommagé par des passages de tracteurs qui assurent la liaison entre 'Ayn Mansour et les cultures nord de Ezbet Douch.

La qanât QN constitue l'irrigation de CG. La partie amont de ce parcellaire est érodée et ensablée et la surface manquante ne peut être véritablement évaluée. Il se superpose légèrement au vaste parcellaire CF. De plus petite dimension (il mesure tout de même 7,55 ha), il est assez bien conservé dans toute sa partie basse. Le module des casiers d'irrigation est de l'ordre de 15 m de côté.

Les deux parcellaires CO et CH sont superposées. CO, qui a fonctionné du Ve siècle avant notre ère jusqu'au IIIe, a été repris par les aménagements postérieurs du parcellaire romain CH, abandonné au IIIe siècle de notre ère. CO est restitué par le mobilier qu'on a découvert sur le parcellaire lui-même. Ces deux parcellaires sont alimentés par plusieurs qanâts : QO à QS. La galerie QR est une branche secondaire de QQ. Les galeries QQ à QS se déversent dans des bassin (EG à EI) avant que ces bassins ne se déversent dans le parcellaire. Enfin, l'écoulement EF (précédé par le bassin EE) alimente la partie ouest des parcellaires CO et CH et devait prendre son eau dans la qanât QN. Il faut noter ici que les qanâts QQ à QS sont les qanâts MQ04, MQ04' et MQ05 de la fouille et ont fait l'objet d'une fouille détaillée et sont publiées (GONON, 2021). Le module des casiers d'irrigation des deux parcellaires semblent être le même, de 12 m de côté.

Le dernier ensemble de système hydraulique irrigue le bassin est qui est clairement délimité, en particulier au sud et à l'ouest, par l'escarpement. L'ensemble QT-QU-QV irrigue le parcellaire CN, au nord. Ce parcellaire occupe 5,87 ha. Ses casiers d'irrigation ne sont pas lisibles du fait de l'éolisation.

Les qanâts QW à QZ et QAA à QAD (ces dernières sont des branches d'un seul et même système qui exploitent les remontées d'eau qui s'opéraient le long d'une faille est-ouest) assurent l'irrigation du parcellaire CI. Ce vaste parcellaire (13,49 ha) a fonctionné du Ie au IVe siècle de notre ère. Bien qu'éolisé, il est encore assez lisible, en particulier dans la zone ouest. Le module est de 18 m nord-sud pour 21 m est-ouest. Dans la partie sud-est, la galerie QY se termine dans un bassin EM. De ce bassin, outre l'irrigation de ce secteur du parcellaire, un chenal important EV s'écoule vers l'est pour aller irriguer le parcellaire suivant, CJ.

Le parcellaire CJ est irrigué, outre par l'écoulement EV, par les qanâts QAA, QAF et QAG. L'écoulement EV et la qanât QAF ne sont sans doute pas synchrones, leur parcours se croisant. Le parcellaire a sans doute fonctionné du Ie au IVe siècle de notre ère. Un état antérieur a sans doute existé sur les pentes de l'escarpement, autour de QAF. Le parcellaire occupe une superficie d'environ 5,68 ha. Le module, peu lisible, est de 15 m environ. A l'est de ce parcellaire, le puits PD, prolongé par une longue tranchée à ciel ouvert, évoquant un système de qanât, assure une partie de l'irrigation.

A l'est de ce système, le système suivant est composé de la qanât QAI et du parcellaire CK. Cette qanât est particulière puisqu'elle est entièrement à ciel ouvert. Elle débouche dans le bassin ER avant d'irriguer le parcellaire, d'une surface de 1,62 ha. Ce parcellaire est assez difficile à lire car des dunes d'obstacle se sont développées sur des tamaris encore partiellement vivant. Cette zone, dont l'exploitation principale remonte au Ie-IIe siècle de notre ère, est mentionnée comme encore fonctionnel au cours des années 1930.

A l'est de cet ensemble, le puits PF est prolongé par une tranchée à ciel ouvert vers l'est pour irriguer le parcellaire CL. Comme beaucoup de parcellaires de ce site, il semble avoir fonctionné du Ie au IVe siècle de notre ère. Il est assez difficilement lisible.

Pour finir, un ensemble se trouve au sud de l'escarpement, dans la zone où le pendage prend une direction sud. La qanât QAH se dirige vers le sud-est, pour irriguer le parcellaire CM. Il est peu lisible, sur une surface de 6,69 ha. Ces éléments, assez hauts en altitude, semblent être assez anciens, du Ive-IIIe siècle avant notre ère.

Des habitats, principalement romains (Ie-IIe siècle en majorité), parsèment le site : souvent, une ferme se trouve au débouché d'une ou plusieurs qanâts et semblent donc assurer la gestion de tout ou partie du parcellaire correspondant. Cependant, trois zones méritent une attention particulière : dans la zone centrale, le secteur HF, traversé par la qanât QN, constitue une véritable petite agglomération, plutôt un hameau, d'environ 220 m sur 160. Au contact de QN, des ateliers de potier ont été repérés mais non fouillés. Ce hameau est étagé dans l'escarpement et certains bâtiments ont des pièces creusées partiellement dans le grès. Certaines sont des pièces de vie, d'autres des caves.

Le deuxième secteur se développe autour du temple TA (GIGANTE et al., à paraître). Il est constitué du hameau du temple HA, mais aussi de la zone HB, à environ 130 m à l'ouest, en bordure du débouché de QO. La zone entre ces deux ensembles (et une partie de HB) est recouverte par une zone d'habitat HE et un dépotoir DE. Ces éléments sont d'époque romaine (Ie-IIIe siècle de notre ère) alors que les habitats sous-jacents et le temple datent du Ve-IVe siècle avant notre ère. Il est possible que les zones HA et HB soient continues, mais nos sondages n'ont pas permis de confirmer cette impression. Les habitats anciens sont séparés des habitats supérieurs par une dune fossilisée par l'occupation romaine.

Enfin, à l'est, le bloc HU semble être constitué de deux fermes. Au vu des grandes dimensions du parcellaire, il est possible que ces deux fermes aient permis une exploitation plus conséquente du parcellaire.

De nombreux dépotoirs parsèment le site, aux environs des zones d'habitat. Le plus souvent, ces dépotoirs se trouvent au sud des habitats, pour limiter l'empiètement sur les zones cultivables.

Cinq ensembles lithiques ont également été mis en évidence sur ce site. Ils se trouvent presque tous au sud de la crête est. La zone LA en particulier a fait l'objet d'une fouille étendue et révélé des vestiges en assez bon état conservation. Cette fouille a été publié (BRIOIS, MIDANT-REYNES, WUTTMANN, 2008). Cette zone est datée de l'épipaléolithique et constitue un jalon important pour la chronologie de ce secteur. Les autres secteurs sont assez mal datés, à l'exception de LD, du paléolithique.

La dernière zone, LE, se trouve à proximité du puits PI, au sud du temple. De petite surface, elle est en très mauvais état de conservation du fait de passages répétés, en particulier au moment des fouilles. Il s'agit d'une dispersion d'éclats de silex autour de la source artésienne.

Mobilier céramique : Pour le détail des découvertes céramiques de ce site, il convient de se reporter aux articles publiés par Sylvie Marchand. Lors de notre prospection, nous n'avons en effet pas procédé à de nouveaux prélèvements.