Nous n'avions fait qu'une seule visite sur ce site très étendu. La description qui va suivre est donc relativement succincte au vu des vestiges et en particulier, nous n'avons pas distingué d'ensembles. Ce site mériterait, à l'instar de Tell-Douch, des visites approfondies pour y mener une prospection détaillée.

Il s'agit d'une agglomération bâtie sur une terrasse recouverte de dépôts d'argiles remaniées érodés en bancs isolés. Dans la partie sud-est du site, il y a deux blocs de constructions entourées de dépotoirs (céramique des IIIe et IVe siècles de notre ère). Antérieur à ces bâtiments très bien conservés (sur plus d'un niveau), un dépotoir céramique du IVe siècle avant notre ère s'étend vers le nord sur une surface étendue qui laisse présager d'une agglomération importante de cette époque.

Au nord de ce dépotoir, un puits circulaire ('Ayn el-Borg) maçonnées en briques crues est dominé à l'est par les déblais de son creusement. La partie nord de ce tas de déblais est entaillée par le conduit maçonné lui aussi (briques crues et argilites grises) d'évacuation des eaux du puits. Il est possible qu'il se poursuive en tranchée couverte.

À l'ouest de ce puits, trois pigeonniers sont alignés d'est en ouest. Les deux plus occidentaux sont entourés d'un dépotoir constitué essentiellement des pots à pigeonnier correspondant, datés du Ie-IIe siècle de notre ère.

Des chenaux de pierre ont été observés vers le nord également et au nord-ouest, un ravin a été aménagé pour la collecte des eaux de pluie.

Au sud de l'agglomération, quelques bases de stipes de palmiers évoquent la présence d'un jardin sous palmeraie.

Il faut noter que pour ce site important, nous n'avons pas observer de sources importantes d'eau ni de parcellaire associé. Il est probable que ces éléments se trouvent en contrebas, dans la plaine à l'est du site. Des visites complémentaires permettraient de le préciser.

Mobilier céramique : Ce site s’est révélé d’une grande richesse pour la période ptolémaïque (phase 4 à partir du milieu -fin IVe siècle-début IIIe siècle av. J.-C.). Un nombre significatif d’amphores égyptiennes de la Vallée et de la Maréotide, mais également deux amphores importées grecques de Chios ont été pour la première fois recensées avec le matériel habituel de fabrication locale ; cette « richesse » de conteneurs non locaux nous incite à envisager que la partie nord de l’oasis de Kharga était plus perméable aux échanges que ce qui a pu être constater jusqu’à présent pour la partie sud de l’oasis pour la même période. Les périodes romaine (phase 6) et romaine tardive (phase 6/7) sont également attestées.

Pour la phase 4, les éléments suivants ont été mis en évidence : une jatte (T84A), un fond d’amphore à bouton en pâte alluviale importée de la Vallée du Nil (T361), une jatte (T198), jarre à bec verseur (T70’A), une marmite locale de tradition grecque (T190), bol (T2), jattes (T14E, T198, T257, T14B’), un bol (T207), des jattes (T198 et types nouveaux), des jarres décorées ou non de bandes noires concentriques (T56F), des jarres à marli (proche T284A), des jarres (T20’C, T70’A), une siga (T124), une gourde (proche T266), un col d’amphore grecque de Chios datée de la fin de IVe siècle av. J.-C. (T359), 2 bords de jarre (T56F), une jarre (T18A), une jarre (T20’C), siga (T45A). 3 types nouveaux (siga, coupe et tuyau en forme de bulbe), un fragment décoré de jarre d’un croisillon peint en noir sur fond blanc en alternance avec d’un large applat de couleur rouge (T100).

Pour la phase 6, les éléments sont les suivants : un ensemble de bords de tuyaux (RT117, RT121), des plats de cuisson (RT14), un «fire-dog» (RT136), des marmites et des fragments de jattes (RT78, RT126), des bords de marmites (RT40, RT119), des jarres (RT62), des siga (RT26), des jattes (proche RT78), des pots à pigeonnier (proche RT108), un plat de cuisson romain (RT14) et une jatte à anse qui pourrait se rapprocher d’un modèle connu en phase 7 (TB70?).