Un épaulement léger d'axe nord-ouest/sud-est divise le site en deux parties. La partie est n'a été que très partiellement explorée du fait de la proximité du poste des garde-frontières. Un probable parcellaire d'une surface de l'ordre de 36,4 ha a sans doute occupé toute la partie nord-est avec quelques rigoles d'irrigation qui sont lisibles. De la même façon, plusieurs aqueducs sont visibles sur le tombant nord de l'épaulement, assurant l'irrigation du parcellaire. Le réseau que l'on peut voir sur les images satellitaires est assez complexe et a sans doute eu une évolution relativement longue. Un parcellaire CB, à l'époque ottomane et moderne, s'est superposé à CA. Il était irrigué par PA.

Une série de puits parsème la crête de l'épaulement. La plupart se trouve dans la partie nord-ouest du site. Ils ont sans doute été exploités pour l'irrigation du parcellaire CA. Parmi ces puits, seul le puits PP a été exploité au cours de la période moderne, sans que nous n'ayons pour lui le moindre indice de fonctionnement antérieur. Il est mentionné fonctionnel sur la carte des années 1930, sous le nom 'Ayn Zaher el-Dîn. Autour de ce puits, un petit parcellaire CC s'est développé à l'époque moderne.

Un autre puits, PA, se trouve immédiatement à l'est de l'agglomération HA. Sur les cartes, il porte le nom d'Ayn Mabrouka. Les éléments observés en surface témoignent uniquement d'un fonctionnement au cours de la période ottomane et moderne. Les travaux récents de réaménagement du puits ont probablement oblitéré la totalité des vestiges antérieurs. En effet la proximité de l'habitat antique rend quasi certain un usage antique de ce puits.

Les zones d'habitat sont au nombre de 3, juxtaposés les uns aux autres. Plutôt que de parler d'habitat, on peut dans ce cas parler d'une véritable agglomération : les trois noyaux que nous avons distingués ont été différenciés sur des nuances chronologiques, sans que nous ne puissions véritablement marquer une rupture d'une phase à l'autre. Il s'agit donc d'une agglomération unique ayant évolué au cours du temps. La zone HA, la plus au sud, mesure 29000 m² et semble avoir été créée au Ve s. AEC et avoir survécu jusqu'au Ie-IIe s. de notre ère. Cette zone pourrait avoir été un peu plus étendue vers l'est, mais la route actuelle l'a interrompue.

Dans la zone HA, en bordure nord, un atelier de potiers a été observé. Son origine n'est pas documentée clairement mais son fonctionnement a perduré jusqu'aux Ie-IIe siècles de notre ère.

La zone HB, au milieu de l'agglomération, a vu le début de son développement un peu plus tard que celui de la zone HA : l'occupation de ce secteur débute au début du IVe s. AEC et son occupation a elle aussi perduré jusqu'à l'époque romaine. Parmi les pièces pillées, notons une pièce voûtée, qui atteste d'une assez bonne conservation du site.

Pour finir, le secteur HC, le plus septentrional et aussi le plus étendu (4 ha environ) ne révèle qu'une seul phase d'occupation, à savoir le début du IVe s. avant notre ère. Cette période semble donc être l'apogée de ce site. En bordure du puits PD, nous trouvons également pour cette phase un petit abri IA, arasé.

A environ 250 m à l'ouest des zones d'habitat, se trouvent les dépotoirs liés aux habitats. Le plus vaste, DC, englobe les deux autres. Il remonte essentiellement à l'époque romaine et pourrait en partie masquer un habitat. Dans la partie nord, le petit dépotoir DA remonte à l'époque ptolémaïque (fin IVe-IIIe s. avant notre ère). Il pourrait s'agir de la seule partie émergente d'un dépotoir plus vaste, lié au fonctionnement de la période principale d'occupation du site. Le dépotoir DC, dans la zone centrale, remonte également à la période ptolémaïque, mais de façon moins précise. Quelques autres dépôts isolés ont été observés.

Immédiatement à l'ouest de l'habitat HB, une petite station de repos de dromadaire, liée aux haltes caravanières du Darb el-Arba'in, a été observée. Elle fut en usage au cours de la période moderne.

Dans la zone ouest du site, une très petite nécropole, sans doute familiale, a été observée. Son extension est de l'ordre de 450 m², comprenant quelques petites hypogées creusées dans les argilites. Le mobilier observé en surface date cette nécropole du IVe-IIIe s. AEC. Elle a fait l'objet d'un certain nombre de pillages.

Dans la portion sud-ouest du site, une quinzaine de concentrations de mobilier lithique ont été mis en évidence. Elles datent principalement de l'époque paléolithique et sont de petites dimensions. Il s'agit de haltes temporaires, sans doute liées à la richesse en eau de ce secteur. Elles ne semblent pas avoir été tellement perturbées.

Mobilier céramique : Dans l'ensemble HB, toutes les céramiques recueillies en surface de ce secteur sont attestées à l’époque romaine Phase 6 : nombreux bols RT1, jattes RT84, plats de cuisson RT17 avec décor peint en noir de guillochis sur la lèvre. Un seul tesson ramassé peut être associé aux phases 1 ou 2 (base annulaire de coupe F1C à fond interné « retouché »).

La céramique identifiée en surface de l'habitat HA appartient presque en totalité à la phase 4 (IIIe siècle av.) : siga T124A et T231, jattes T198 et T209, marmite de tradition grecque T232 mais aussi jarre-marmite T 270, jatte T287/T286, jarre T19 phase 2 ou T288 phase 4. Un seul tesson, un fragment de jatte apparenté à T14C appartient à la phase 1 (Ve siècle av.).

Dans la nécropole, un bord de jarre raté de cuisson date de l'époque ptolémaïque (phase 2-4).

Le dépotoir DA a fourni un ensemble homogène de jarres, de marmites, de siga et de pot pour la préparation des denrées alimentaires : jattes (T14B’), siga (T124A), jarres (T265, T20’C, T330, T34B).

En DB, un bord d’une large bassine faite à la main et un « bol tulipe » complet (RT10) atteste d'une datation du début de notre ère ou postérieur.

Enfin, dans le dépotoir DC, le mobilier se limite à un vase de cuisson muni de deux anses, qui semble ne pas avoir été monté au tour, en argile locale grossière et recouvert d’un engobe orangé épais et un fond plat qui appartient probablement à un «bol tulipe ».

Eléments sur la faïence : Seul un fragment de bol de forme T12.4, daté du Haut-Empire, a été mis en évidence.