La présence de vestiges préhistoriques dans le secteur de Gaga a été signalée en janvier 2011 par Magdi Hussein, inspecteur au service des antiquités de Kharga. La voie de chemin de fer désaffectée reliant Baris à el-Kharga coupe la partie ouest du site. Des aménagements agricoles abandonnés sont également présents au centre du site dans une zone ensablée et faiblement végétalisée autour de LM. Un grand canal d’irrigation datant de l’époque nassérienne correspond à la limite sud identifiable de la dispersion de matériel archéologique. Au total, la zone archéologique de KS241 couvre environ 150 ha.

Le paysage géomorphologique du secteur est particulièrement complexe. Les observations préliminaires réalisées en collaboration avec M. de Dapper ont permis d’en dresser un premier état.

La zone étudiée s’offre comme une étendue de sédiment argileux gris-beige qui comporte de nombreux graviers calcaires et rognons de silex en surface. Les phénomènes érosifs ont sculpté des yardangs d’orientation nord-sud ainsi que des couloirs et bassins de déflation. La zone située à l’ouest de la voie ferrée est une plaine de sédiments fins. À l’est, la surface est creusée par des couloirs de déflation éolienne qui ont entaillé les dépôts jusqu’à 2 m de profondeur par endroits.

Plus de 40 sources artésiennes ont été repérées. Celles-ci sont de dimensions et de morphologies très variées. Les plus massives ont bénéficié de l’apport de sédiments éoliens fixés par l’humidité. La source située en LAF par exemple surmonte les environs de 6,4 m ; elle est constituée par une alternance de niveaux d’argile sableuse et de sable. L’érosion qui entaille certaines de ces venues artésiennes permet de visualiser la colonne extrusive emplie d’argilites roses. Ces dépôts s’étendent aux alentours des têtes artésiennes et surmontent des sédiments fins au sein desquels de nombreux manchons racinaires témoins d’une végétation passée sont visibles.

En LI, la surface actuelle du sol présente un faciès polygonal constitué de failles slickenslides caractéristiques des dépôts de playa. Il semble que ce faciès soit en partie antérieur aux dépôts de sources artésiennes. Le plan d’eau a pu être alimenté par ces résurgences aussi bien que par des précipitations. Dans la zone sud, un sondage en LAA a montré la présence de dépôts limono-argileux lacustres compacts sur 5 m d’épaisseur. Ils sont entrecoupés de deux dépôts de sables éoliens de 30 et 20 cm d’épaisseur situés à 80 et 170 cm de profondeur, témoins d’épisodes arides. Ce dépôt lacustre massif a également été identifié par sondages à la tarière en LAF. Il est possible qu’il soit antérieur à l’Holocène.

À l’est, on trouve l’embouchure de plusieurs bras de ouadis issus de l’escarpement. Ils ont pu contribuer à un apport en eau dans la zone à l’occasion d’éventuelles recharges par précipitations holocènes. Leurs colluvions sont riches en nodules de silex éocène gris et opaque à cortex blanc qui constituent un gisement de matière première de bonne qualité.

Le matériel archéologique est visible en surface. Dans certaines occurrences, le niveau de sol ancien est conservé comme le montre la présence de foyers affleurants et de rubéfaction du sédiment. Toutefois, la majeure partie du matériel a été révélée par les phénomènes érosifs et se situe dans des zones de déflation. Des vestiges lithiques et des charbons sont bien visibles dans les coupes naturelles des yardangs ce qui implique une conservation en stratigraphie des occupations dans plusieurs secteurs. Les artefacts sont relatifs aux phases Kharga A à C. Si des mélanges d’industries sont évidemment possibles, il apparaît que les différentes concentrations lithiques offrent malgré tout une bonne cohérence, car les zones d’occupation se sont déplacées au fil du temps. Les perturbations des époques historiques sont limitées à la proximité de quelques sources artésiennes recreusées en puits avec peu de matériel afférent.

Mobilier céramique : Le Ve siècle avant notre ère est faiblement représenté en DE par un bord de jarre proche de T18B.

En LM, 1 bord de jatte T198, 1 bord de jarre proche T18B appartiennent à la phase 4 alors qu'un fond épais plat de plat de cuisson fait main à tenon (apparenté TM4) est à rattacher à la période mamelouke.

Sur le puits PB, 1 col de barillet à filtre à 1 anse même famille que RT49 mais différent date du début de notre ère.

Des tessons néolithiques, fortement éolisés, ont été retrouvés lors des prospections : la paroi d'un pot au fond arrondi, un tesson en argile à cassure diffuse rouge clair à beige dure et fine, avec des quartz concrétionnés (possiblement du néolithique moyen, type Khartoum pottery), deux tessons portant un décor imprimé, l'autre un décor imprimé + décor "onglé" (TN19 ?) aux parois épaisses (0,8 à 1cm d'épaisseur), en argile désertique très quartzeuse, surface claire.

Un vase globulaire (TN34) de forme impossible à identifier présente une arête marquée à la base par rajout de pâte. La panse supérieure présente un décor imprimé (très éolisé) sur un engobe rouge épais poli conservé sous l'arête. Ce vase est fait main, avec des parois fines et régulières sous l'arête. La surface interne est noire bien raclée. Ces éléments sont du type « Nubian Ware » avec une cassure noire homogène : micas, rare nodules blancs, quarts et sables irréguliers et arrondis. La surface est de couleur chamois sous l'engobe. Ce vase est difficilement datable.

Quelques éléments céramiques de l'époque ottomane à contemporaine sont également présents, témoins de fréquentation à ces époques récentes.